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CARTEL

Artiste : Yves Klein

Titre de l’œuvre : "… Hiroshima, les ombres d’Hiroshima (ANT 79), ca. 1961

Dimensions : 1m39.5 de haut par 2m80.5 de long.

Lieu de sa conservation : The Menil Collection, Houston, USA ?

Date de réalisation : 1961

Genre : (empreinte du corps humain - Anthropométrie, N°: 079 /1961)

Technique & Matériaux : Peinture au pistolet- Pigment pur et résine synthétique sur papier marouflé sur panneau

Courant artistique : Les Nouveaux Réalistes.

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Brève biographie de l'Artiste Yves Klein(Nice le 28 avril 1928, mort à Paris le 6 juin 1962)

A propos d'Yves Klein:
Yves Klein naît le 28 avril 1928 à Nice, de parents tous deux artistes. Son père, Fred Klein, est un peintre figuratif qui expose dès le début des années trente, et sa mère, Marie Raymond, peintre abstrait géométrique, est largement reconnue à partir de 1945. Cet environnement le familiarise très tôt avec le milieu artistique, mais Yves Klein s’oriente tout d’abord vers une autre carrière. Pendant l'adolescence il se passionne autant pour la peinture, le judo que la spiritualité. Ces trois domaines sont pour lui intrinsèquement liés.


En 1957, il entame son "époque bleue", choix de couleur confirmé par son voyage à Assise en Italie où il découvre les ciels de Giotto. Il reconnaît en lui le véritable précurseur de la monochromie bleue qu’il pratique : uniforme et  spirituelle. Klein met radicalement en œuvre cette monochromie bleue qu’il perçoit chez Giotto, notamment grâce à la texture si particulière de sa peinture qui fait l’objet d’une formule originale, validée en 1960 par l’Institut National de la Propriété industrielle : cette peinture est ce qu’il appelle IKB (International Klein Blue). Dès lors artiste de renommée mondiale, il participe à la fondation du Nouveau Réalisme avec notamment Pierre Restany et Arman et pleins d’autres artistes plasticiens, tout en poursuivant ses recherches personnelles. Mais les monochromes bleus ne sont qu’un aspect de son travail qui se déploie à travers différentes techniques.

 

À partir de 1960, Klein utilise l’or, le feu, et met en place des œuvres rassemblant une trilogie de couleurs bleue, or et rose. En 1961, il réalise un ex-voto en forme de triptyque qu’il dédie à Sainte Rita à Nice; il organise la même année une exposition en Allemagne, à Krefeld, où il répartit les trois couleurs dans l’espace; il les utilise pour les faire part de son mariage avec Rotraut Uecker en janvier 1962 qu’il métamorphose ainsi en œuvre d’art. Il meurt d’une crise cardiaque le 06 juin 1962.
 

Les Nouveaux Réalistes :
Le groupe des Nouveaux Réalistes est fondé en  Jeudi 27 Octobre1960 par Yves Klein et le critique d'art Pierre Restany à l'occasion de la première exposition collective d'un groupe d'artistes français et suisses à la galerie Apollinaire de Milan. Ils rédigent ensemble un texte qu'on appelle manifeste qui leur permet de s'autoproclamer comme groupe artistique et d'annoncer leur « programme ».

 

Ce manifeste est intitulé la Déclaration Constitutive du Nouveau Réalisme, qui proclamera

«Nouveau Réalisme" =  nouvelles approches perceptives du réel, sera signé par :

- Pierre Restany

- Armand Pierre Fernandez dit: Arman,

- François Dufrêne,

- Raymond Hains,

- Martial Raysse,

- Daniel Spoerri,

- Jean Tinguely,

- Niki de Saint Phalle,

- Jacques Villeglé,

 

Pierre Restany (qui a rédigé le manifeste). Ils prennent position pour un retour à la réalité, en opposition avec le lyrisme de la peinture Abstraite Américaine de cette époque mais sans tomber dans le piège de la figuration, connotée petite bourgeoise ou stalinienne, et préconisent l'utilisation d'objets prélevés dans la réalité de leur temps, à l'image des ready-made de Marcel Duchamp. Ces conceptions s'incarnent notamment dans un art de l'assemblage et de l'accumulation d'éléments empruntés à la réalité quotidienne : accumulations d'objets par Arman et Deschamps, affiches de cinéma lacérées par Jacques Villeglé...

 

 

Retour sur l'année 1961 :
- Le contexte de la guerre froide se durcit :
- Cuba / USA

- Rupture des relations américano-cubaines sur le plan économique puisque Fidel Castro décide de nationaliser les entreprises américaines à Cuba.


- Échec du débarquement de la baie des cochons
 

- Course à l'armement et la conquête de l'espace
- Youri Gagarine : premier homme dans l'espace
- « We choose to go to the Moon », discours de Kennedy

 

- En Allemagne:
- Construction du mur de Berlin

 

- Au Vietnam:
- Première intervention américaine au Vietnam.

 

- Au Japon:

Le trois bombarbiers B-29 dont « Enola Gay » et l' équipage (le pilote, Paul Tibbets), . Cet avion largua la bombe atomique « Little Boy » sur Hiroshima le 6 août 1945 à 8h15.


 

En 1945, une première bombe atomique s'abattait sur Hiroshima, une ville de 255 000 habitants environ, semant la mort et la destruction dans la ville.
 

La seconde bombe lâchée sur Nagasaki et l'invasion de la Mandchoukouo par l'armée soviétique trois  jours après allaient précipiter la capitulation du Japon le

14 août 1945.

 

La bombe tua environ140 000 personnes, de manière instantanée ou des suites des radiations, entre août et décembre 1945. La bombe a bien évidemment marqué la ville d'Hiroshima ainsi que toute la société japonaise.
 

Outre les destructions, elle a aussi laissé des traces sur le sol, avec un curieux phénomène à Hiroshima, mais aussi à Nagasaki.

 

Quelques semaines après l'explosion, les scientifiques virent que le flash de la bombe avait décoloré le béton. La bombe avait laissé des marques correspondant aux projections des objets, des corps et du mobilier urbain, un peu comme une projection photographique.

 

La chaleur due aux rayonnements thermiques a rendu visible les ombres portées sur le sol. Les ombres pouvaient représenter un homme qui se tenait là au moment du drame et qui avait en quelque sorte "protégé" le mur des dommages causés par la bombe. Il en était de même avec une échelle, une vanne ou les pylônes d'un pont. Les ombres ont permis d'évaluer où se trouvait l'épicentre de la bombe qui explosa environ à 500 mètres au dessus d'Hiroshima. Il avait été évalué que ce serait à cette hauteur que la bombe ferait le plus de dégâts.
 

Ces traces ont depuis disparu à cause du vent, de la pluie et de la pollution et du temps. Il est néanmoins possible d'observer des photographies de ce phénomène au Musée de la Paix à Hiroshima.
 

ANALYSE DE L 'ŒUVRE D' HIROSHIMA
1) IKB : International Klein Blue (IKB), est une peinture bleu profond créée par le marchand de couleur Édouard Adam à la demande de l'artiste français Yves Klein.

À partir de 1954, Yves Klein propose des peintures monochromes. Il tend vers la présentation d'une idée d'unité absolue, « une parfaite sérénité ». Progressivement, après des monochromes de diverses couleurs, il privilégiera le bleu outremer. « [...] j’allais signer mon nom de l’autre côté du ciel durant un fantastique voyage « réalistico-imaginaire ».
 

En réalité, c'est l'expérience de la profondeur du bleu du ciel de Nice, perçu au travers d'une fenêtre de toit de voiture, un jour d'été durant lequel Yves Klein rejoint les nouveaux réalistes à Nice, qui est à l'origine du concept de l' IKB.
 

Klein et Édouard Adam recherchent alors un liant qui donne à la couleur du pigment bleu outremer toute sa profondeur. En effet, la composition chimique d'un pigment ne détermine pas complètement la couleur d'une peinture. Chacun peut constater que l'aquarelle change de couleur en séchant : c'est que les propriétés optiques du liant influent sur la couleur. Le liant de la peinture humide est composé principalement d'eau, tandis que celui de la peinture sèche est de la gomme arabique.

 

Le 19 mai 1960, Yves Klein dépose à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), sous l'enveloppe Soleau n° 63471, la formule de son invention. Elle décrit le liant qui est constitué d'une pâte fluide originale, substituée à l'huile traditionnellement utilisée en peinture, et qui fixe du pigment bleu outremer. C'est l'association de ce liant et de ce pigment qui fait l'originalité de l'IKB. Bleu désigne ici une matière, car juridiquement, personne ne peut s'approprier une teinte.

 

Selon Klein, « Le bleu n’a pas de dimension, il est hors dimension, tandis que les autres couleurs elles en ont … Toutes les couleurs amènent des associations d’idées concrètes … tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature tangible et visible ».
 

L'invention ne concerne pas la couleur obtenue, qui d'ailleurs dépend en outre de l'illuminant, même si, compte tenu du rôle du liant dans le résultat visuel, elle ne peut être qu'approchée en utilisant d'autres moyens. Pour Philip Ball, en déposant le Bleu, Yves Klein, accomplit un acte artistique, il « ne cherchait pas seulement à protéger ses intérêts commerciaux mais voulait aussi marquer l'authenticité d'une idée créative » .
 

2) ANTHROPOMÉTRIES :
Anthropométrie : vient de « anthropo » = humain ; « métrie » = mesure, littéralement signifie mesure du corps humain.

 

Histoire du mot :

Le terme naît avec le livre du statisticien et humaniste belge Adolphe Quetelet intitulé Anthropométrie, ou Mesure des différentes facultés de l'homme (1870).

Alphonse Bertillon s'en inspire pour développer le bertillonnage, appelé aussi « système Bertillon » ou «anthropométrie judiciaire », rapidement adopté dans toute l'Europe, puis aux États-Unis, et utilisé jusqu'en 1970 avant d'être détrôné par la prise d'empreintes digitales en usage jusqu'à nos jours. Mesurer le corps est une préoccupation fondamentale dans l'histoire de l'art. En passant par l'homme de Vitruve, en remontant jusqu'aux Grecs, l'être humain occidental est obsédé par la mesure idéale des proportions du corps humain. Le but de cette quête, c'est de parvenir à schématiser (ou emprisonner) le corps dans une mesure idéale pour représenter un corps parfait,
véritable incarnation des dieux sur terre. Jusqu'au début du XXième siècle, l'art représente des corps nus idéaux et divins. Mais avec la seconde guerre mondiale et la réappropriation qu'Hitler fait de l'Apollon grec pour justifier les canons de la race aryenne, pour les artistes engagés représenter un beau corps pose désormais problème.

 

Le concept de Klein : le pinceau 2 en 1 : Pinceau = Modèle
Très connu pour ses fameuses Anthropométries, crées grâce à des femmes nues recouvertes de peinture et laissant l'empreinte de leur corps sur la toile, l’œuvre de Klein est très diversifiée. Au delà des simples aspects anti-conventionnels et étonnants, son œuvre touche à la peinture, la sculpture, la photographie... et même la musique.Klein était fasciné par la vidéo et sa démarche artistique consistait à trouver et faire partager l'immatériel. Il a ainsi procédé à un happening (une création artistique faite en publique sur l'instant) le 9 mars 1960 où les fameuses femmes-pinceaux se recouvraient de peinture devant le public pour ensuite créer des Anthropométries. Des musiciens jouaient une composition sonore d'Yves Klein : Symphonie monotone silence, qui consistait en un accord unique tenu de 5 à 7 minutes, suivi d'un "silence absolu".

 

L'artiste explique :

« Le silence... C'est cela même ma symphonie, et non le son lui-même, d'avant - pendant l'exécution. C'est ce silence si merveilleux qui donne la "chance" et qui donne même parfois la possibilité d'être vraiment heureux, ne serait-ce qu'un seul instant, pendant un instant incommensurable en durée. »
 

Dans Hiroshima, les corps sont collés au support et font office de pochoir. C'est une anthropométrie en négatif.
 

3) Interprétation
Les silhouettes par l'absence de contours nets en raison de la technique sont fantomatiques telles des apparitions. Prises dans le format de seulement 1m40 de haut elles semblent vouloir s'en échapper par la gauche ou la droite mais ne pas y parvenir comme le suggère la silhouette du centre. L'absence de traits caractéristiques pour les visages fait de ces corps ceux de tous . L’œuvre ne cherche donc pas à montrer de femmes particulières mais l'être humain en général. Par l'utilisation d'une seule couleur, le bleu Klein, l'artiste fait preuve de sobriété . Le bleu étant une couleur froide et symboliquement reliée à l’infini ( le ciel) ou à la rêverie ( Miro: "le bleu est la couleur de mes rêves") cette peinture est perçue comme douce.

 

Il se dégage donc de cette image une impression douce de traces évanescentes laissées par des corps en mouvement. Par contre lorsqu'on lit le titre de l’œuvre, la lecture de l'image prend un caractère beaucoup plus grave. Yves Klein fait référence à la bombe nucléaire américaine lâchée sur Hiroshima pour soi-disant mettre un à la guerre contre le Japon. Les États-Unis par les bombes d'Hiroshima et Nagasaki
 

les 6 et 9 août 1945 provoquèrent le décès d'environ 190.000 civils. Il y eut la mort immédiate par explosion et différée par la maladie due à la radioactivité. On parle encore à l'heure actuelle de crime contre l'humanité. Lors de l'explosion, les corps ont été pulvérisés et réduits en cendres. Mais ils ont laissé sur les murs de la ville d'étranges silhouettes, ce sont les ombres des personnes présentent éclairées par la bombe. Des années plus tard ces ombres étaient encore visibles. Par ses anthropométries Klein reproduit l'effet d'apparition des silhouettes par le négatif des corps. Les empreintes d' Hiroshima font modèle pour lui. En tant que nouveau réaliste Klein est censé s'inspirer du quotidien, de la rue et c'est ce qu'il fait.
 

Y. Klein était un artiste et un judoka du meilleur niveau européen en son temps. Il avait obtenu son quatrième dan au Japon en 1952. Il était donc sensible au sort des survivants de la bombe nucléaire et voulait se servir de son art pour que cet événement ne soit pas oublié et fasse encore débat. Il ne donne raison à personne, il soulève juste un questionnement. Le tableau est suffisamment grand pour être considéré comme monumental et commémoratif.

 

Mise en relation possible:
Thrènes à la mémoire d'Hiroshima de Penderecki
Massacre en Corée de Picasso
Musée juif de Berlin de Libenskin

https://reporterre.net/L-histoire-cachee-de-la-bombe-d-Hiroshima

Ca.1961= Le mot latin « circa », signifiant littéralement « environ »1, est souvent utilisé pour décrire diverses dates (souvent dates de naissance et dates de décès) qui sont approximativement connues. Le mot est souvent abrégé en « c. », « ca. », « ca » ou beaucoup plus rarement « cir. ».

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